Au pays du Président Paul Biya,le danger est permanent pour les journalistes camerounais, exposés aux attaques verbales et physiques, aux arrestations, aux procédures-bâillons(Affaires FIPCAM-Stéphane Muller contre Nestor Nga Etoga à la Cour d’Appel du Littoral à Douala et au TPI de Mfou) et aux risques d’assassinats.
En 2021, les deux journalistes Paul Chouta et Emmanuel Mbombog Mbog Matip sont sortis de prison après avoir passé respectivement 24 et 16 mois derrière les barreaux à la suite d’accusations de diffamation.
Depuis 2019, le journaliste François Xavier Eya reste sans nouvelle. La syndicat des journalistes et Auxilliaires du Cameroun(SYJAC) et la famille nucléaire de l’ancien “Grand-Reporter” du quotidien “La Nouvelle Expression” s’inquiètent.
Entre temps, Reporter Sans Frontières(RSF) ne cesse de demander l’arret des poursuites contre Amadou Vamoulke.
Par ailleurs, les journalistes des régions anglophones sont régulièrement accusés d’être complices du mouvement sécessionniste qui s’oppose depuis plusieurs années au pouvoir central de Yaoundé. En 2019, l’un d’entre eux a été détenu au secret, avant de mourir quelques jours plus tard. L’enquête indépendante promise n’a jamais eu lieu.
Les médias fondés sur des critères ethniques ou religieux sont de plus en plus nombreux, ce qui contribue à la polarisation du débat public et encourage des prises de position relevant de l’exclusion ou de la stigmatisation.
Les journalistes camerounais travaillent dans des conditions de précarité extrêmes, ce qui nuit considérablement à leur indépendance. L’aide à la presse existe, mais son montant est jugé insuffisant et sa distribution dépend de l’alignement des médias sur les positions défendues par le régime. Des proches du pouvoir peuvent également créer des médias de toutes pièces pour affaiblir économiquement un autre titre critique devenu gênant.
Les différentes lois sont largement contournées pour être mises au service de la répression du journalisme, et il est fréquent que des professionnels soient traduits devant des tribunaux d’exception, à l’instar de l’ex-directeur général de la CRTV, en détention – qualifiée d’arbitraire par l’ONU – depuis 2016 et jugé devant le tribunal criminel spécial (TCS). La loi antiterroriste de 2014 et un tribunal militaire avaient été utilisés pour maintenir en prison le correspondant de RFI pendant deux ans et demi.
Il est impossible d’adopter une ligne éditoriale critique et indépendante sans faire face à d’importantes menaces et pressions lorsque les intérêts du pouvoir et de ses représentants sont en jeu. Ce climat alimente l’autocensure et entraîne l’alignement de la plupart des médias sur les positions des autorités ou de certaines personnalités qui leur sont proches. Tous les membres du Conseil national de la communication (CNC), l’organe de régulation des médias, sont nommés par le président de la République.Malgré le nombre important d’organes de presse (500), la production d’une information indépendante et critique reste un parcours du combattant au Cameroun.
La radiotélévision publique CRTV demeure un média d’État au service de la communication du régime de Paul Biya au pouvoir, depuis 40 ans.
Les journalistes toujours persécutés quand ils ne sont pas baillonnés!
Au Cameroun, tous les coups sont permis lorsque qu`on vous soupçonne d`être à la solde d`un lobby contre le régime en place. C`est sur la base de cette mentalité policière aux conclusions hâtives que beaucoup sont arrêtés ou trouvent la mort au travers des accidents de route déguisés comme ce fut le cas du journaliste Koum Koum, le défunt représentant de Reporter Sans Frontières(Rsf) au Cameroun. Même sort a été réservé au journaliste François Xavier Eya.
En 2019, le procureur du Tribunal de Grande Instance de Yaoundé avait tenté d’écrouer le journaliste de « La Nouvelle Expression », l’accusant d`avoir obtenu des informations confidentielles sur le régime Biya. Pour le traquer, c`est le garant de la loi, le ministère public, qui va se contredire en renversant des décisions de justice déjà implémentée en faveur du journaliste qui est arrêté manu militari. Alors qu`il lui est demandé d`aller retirer sa plainte contre le procureur pour subir silencieusement son sort, le journaliste a disparu. Il aurait quitté le Cameroun, in extremis, via l`aéroport de Douala. Mais, à Yaoundé des indiscrétions font état de soupçons sur des personnes en charge du dossier. François Xavier Eya reste la cible des bourreaux tapis dans l’ombre. Ces derniers croient dur comme fer que François Xavier Eya, journaliste très introduit dans les milieux politiques et sécuritaires, détiendraient encore des informations confidentielles. Depuis plusieurs mois, des services sécuritaires sont à la recherche du journaliste, convaincus qu`il est espion à cause de son parcours professionnel.
Il se serait fait recruter dans les services gouvernementaux pour espionner. Comment comprendre son départ du quotidien La Nouvelle expression où il fut Grand-reporter ? Il est aussi devenu consultant de Tsimi Evouma, super maire de Yaounde, sans doute pour avoir accès aux bases de données. Journaliste -dynamique, François a aussi officié à la cellule de communication du ministère des Enseignements Secondaires de son pays, alors qu`il collaborait simultanément avec des médias tels que: la Radio Télévision Suisse, BBC Afrique et Syfia-Jade.
Selon des sources policières de Yaounde, il ne fait l` ombre d`aucun doute que le journaliste avait plusieurs cordes à son arc. Son aura de journaliste dans les services publics était un atout pour obtenir un maximum d`informations. Son parcours professionnel est digne, selon les mêmes sources, des changements qui interviennent souvent précipitamment dans la vie de ceux qui se font facilement recruter par des réseaux de renseignements. La police s`interroge: qui sont ses complices dans d`autres services publics? Et c`est quoi leur agenda? C`est sur la base de cette mentalité policière aux conclusions hâtives que beaucoup sont arrêtés,puis relaxés avant de succomber quelques jours d’après.C’est le cas qui a failli arriver aux journalistes Paul Chouta et Michel Biem Tong…
Malgré le nombre important d’organes de presse (500), la production d’une information indépendante et critique reste un parcours du combattant au pays du Président Paul Biya, 40 ans au pouvoir !