A “Kaye” (cailloux en langue Bororo), un site minier de Bétaré Oya, des montagnes de terre et de gravats de pierres dominent le paysage.
Bébés sur le dos, des femmes remuent la terre à l’aide d’une houe ou d’une pelle dans l’espoir de trouver de l’or. Un jeune creuse avec une pioche au fond d’un trou dans le même but. “Ce site a été ouvert par des Chinois. Le vrai produit (l’or) est en bas, mais l’extraction a été provisoirement arrêtée parce qu’il faut une machine plus adaptée”, explique un gendarme en civil. A moto, ce militaire recruté par une compagnie chinoise sillonne régulièrement des chantiers comme celui-ci pour disperser les chercheurs d’or, qui reviennent généralement dès qu’il est parti. “Ils sont inconscients du risque d’accident qui est réel. S’il y a des accidents, ils diront que (les responsables) sont les Chinois”, affirme-t-il. “Même quand un trou a tué, ils reviennent le lendemain”, insiste-t-il. C’est dans cet environnement qu’est né et grandi Blaise Moussa,une étoile montante en politique dans les rangs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais(RDPC);le parti au pouvoir.
Blaise est natif de la commune de Betaré Oya, environ 80.000 habitants, qui a accueilli par le passé de nombreux exploitants miniers chinois, coréens, canadiens, américains, sud-africains, venus chercher de l’or.
Entre 2011 et 2014, au plus fort de l’activité minière, plus de 100 compagnies minières y étaient présentes, la plupart chinoises.
Bétaré Oya compte plusieurs villages parmi lesquels Tête d’éléphant,Alamada , Borongo, Bouli, Daboulé, Kongolo, Mbardé-Ndokayo, Sarambi, Sarang , Tapare (Bétaré-Oya)…En ville comme dans les villages, Bétaré Oya se transforme au quotidien : des maisons aux toitures en tôles ondulées et aux murs en matériaux durables sont désormais visibles. Ceci est le fait des retombées de l’exploitation minière désormais encadrée par l’Etat…sous le regard vigilant d’un fils de la localité(Blaise Moussa). La transformation socio-économique est le fruit des investissements immobiliers des jeunes qui sont désormais bien rémunérés de leur travail dans les sites miniers. Nous sommes à 7 Heures 13 Minutes de voyage par route entre Yaoundé,la capitale politique et Bétaré-Oya,chef lieu d’arrondissement du meme nom dans le département du Lom-et-Djérem à l’Est du pays.Ici,Blaise Moussa est adulé par les populations qui pensent en choeur que l’actuel directeur des affaires générales du Ministère de la fonction publique est l’incarnation de l’humilité.« C’est un frère que je côtoie depuis plusieurs années. Chaque fois qu’il arrive ici au village, il ne manque jamais de venir nous saluer et partager avec nous quelques moments de bonheur, de joie et ou de tristesse. Blamo est l’incarnation de l’humilité », témoigne Théophile Tibanga à Bétaré-Oya.
Le graal dans son parcours, Blaise Moussa le décroche en avril 2021 en devenant premier Président du Conseil d’administration de la Société Nationale des Mines(Sonamines).”Son ascension n’est pas le fruit d’un hasard et de rencontres. C’est une bête de travail, qui ne fait jamais les choses à moitié”,confie à l’Agence Digitale d’Informations Africaines(www.lescoopsdafrique.com ) un ami proche et promotionnaire de l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature(ENAM) entre 2000 et 2003.
“Blamo a une capacité d’analyse, de conception politique, de transformation: il est la clé” dans une campagne politique, abondait encore un de ses camarades du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais.
“En amitié comme au travail, il ne compte pas son temps, et se rend toujours disponible ne laissant jamais ses amis dans le vent”, témoignent certains de ses collaborateurs.
Bien que fidèle, le quarantenaire ne manque pour autant pas de franchise.C’est “un homme plutôt sympa mais assez sectaire. On peut avoir des échanges cordiaux avec lui, mais c’est quelqu’un qui préfère avoir des amis du meme bord politique que lui”, tempère Marie-Laure, une ancienne camarade de Blaise Moussa en maîtrise des sciences de la finance à l’Université Catholique de l’Afrique centrale(UCAC).
Dans son parcours,Blaise Moussa apparait comme un homme pressé. Doctorant en finances publiques et droit fiscal à l’Université de Toulouse 1, notamment à l’Ecole doctorale des sciences juridiques et politiques de l’institut de recherche en droit européen, international et comparé,on se souvient de son passage à la fédération camerounaise de football(FECAFOOT), un passage marqué par la victoire des Lions indomptables à la Coupe d’Afrique des Nations(CAN) Gabon en 2017. L’ancien secrétaire général de l’instance faitière du football camerounais qui avait assuré les affaires courantes, de la nomination à l’installation des membres du comité de normalisation de la FECAFOOT du 23 août 2017 au 11 septembre 2017 creuse son sillon d’homme politique moderne, courageux, habile et accessible.
Météore ou étoile filante ? Blaise Moussa poursuit la métaphore. « Selon les astronomes, un météore désigne un corps extraterrestre qui pénètre dans l’atmosphère en créant une trainée de lumière. La plupart des météores sont éphémères et se désagrègent vite. Certains, les plus massifs, peuvent modifier le visage de notre planète. » Le « Big Bang Blamo» aboutira-t-il finalement à un « Big Moussa » politique ?