C’est pour l’effectivité et l’efficacité de ses cliniques juridiques que CAM-CRIN et Plan International Cameroon ont organisé à l’Hôtel de la falaise de Yaoundé, un atelier de plaidoyer auprès des autorités ministérielles, judiciaires, traditionnelles et municipales, des avocats, juristes et activistes de protection de l’enfant et de la promotion du genres pour la mise en place des cliniques juridiques pour les enfants notamment les filles victimes d’abus et de violences au Cameroun dans le cadre de la 37ème édition de la Journée Internationale de la Femme au Cameroun.
Il était question pour les participants de plaider auprès des autorités administratives, locales et traditionnelles pour : renforcer les réseaux de protection des femmes et des filles victimes de violence et d’abus ;renforcer les circuits de prise en charge de ses victimes ; augmenter les sanctions contre les auteurs.
Au terme de l’atelier de plaidoyer, les capacités des participants ont été renforcées sur les systèmes de protections de l’enfant en général et sur la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes. D’autre part, un appel à l’action a été formulé à l’endroit de toutes les autorités y compris les forces de maintien de l’ordre et les chefs communautaires.
De multiples recommandations ont été formulées à savoir :
- Mettre en place des standards pour identifier, analyser les types de violence et d’abus à l’égard des femmes et des filles ;
- Décourager toute forme de discrimination à l’endroit des femmes et des filles ;
- Harmoniser et appliquer les instruments juridiques nationaux et internationaux ;
- Veiller à ce que toutes les femmes aient accès à la justice et ceci sans contrepartie ;
- Organiser des ateliers de renforcement des capacités des magistrats en matière d’égalité des sexes ;
- Accélérer le processus d’adoption du code de la famille et du code de protection de l’enfant ;
- Représenter effectivement les intérêts des femmes et des filles au parlement ;
- Susciter le renforcement des capacités des élus locaux et agents communaux sur les droits des femmes et des filles ;
- Améliorer la gestion des données des cas de violences pris en charge au niveau des FMO ;
Pour les participants : « l’obligation d’agir immédiatement pèse sur nous tous car l’avenir de notre pays dépend de la garantie d’une meilleure protection de nos enfants aujourd’hui. »
APPEL À l’ACTION
“Nous , autorités ministérielles, judiciaires, traditionnelles, religieuses, organisations de la société civile, Collectivités Territoriales Décentralisés , avocats, activistes juristes de protection de l’enfant, forces de maintien de l’ordre, participants à l’Atelier de plaidoyer auprès des autorités ministérielles, judiciaires, traditionnelles et municipales, des avocats, juristes et activistes de protection de l’enfant et de promotion du genre pour la mise en place des cliniques juridiques pour les enfants notamment les filles victimes d’abus et de violences au Cameroun, tenu à Yaoundé le 11 mars 2022 ;
- Convaincus que l’atteinte de l’égalité homme-femme et l’autonomisation des femmes font partie des objectifs de développement durable auxquels le gouvernement camerounais accorde une place de choix ;
- Considérant les efforts réalisés par l’État du Cameroun à travers la mise en œuvre de la campagne HeforShe et l’adoption de la Stratégie Nationale de Développement qui met un accent sur l’égalité femmes/hommes ;
- Se référant aux données publiées sur l’égalité des genres au Cameroun par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, selon lesquelles 39% de la population nationale vit en dessous du seuil de pauvreté dont 51,5% des femmes ;
- Préoccupés par l’indice de 0,65 d’inégalité entre les sexes qui classe le Cameroun au 150ème rang sur 189 Pays, que la discrimination des filles reste un obstacle majeur au développement humain au Cameroun et que cet indice révèle des disparités importantes dans trois dimensions clés au développement humain à savoir la santé reproductive, l’éducation et l’accès à l’emploi ;
- Persuadés de la nécessité de réduire toutes formes de discriminations à l’égard des femmes et des filles dans toutes leurs diversités, de renforcer les mesures visant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Encourageons le gouvernement du Cameroun à :
- Renforcer son engagement politique et son leadership en matière d’égalité des genres ;
- Mettre en place des standards pour identifier, analyser les types de violence et d’abus à l’égard des femmes et des filles ;
- Décourager toute forme de discrimination à l’endroit des femmes, des filles et des enfants sans discrimination ;
- Adopter les approches pour réduire efficacement les facteurs de risque et promouvoir les mécanismes de développement des femmes, filles et des enfants sans discrimination ;
- Investir dans des solutions locales qui offrent aux femmes notamment les filles une plus grande protection contre les attitudes et pratiques patriarcales profondément enracinées qui les exposent à différentes formes de violences ;
- Œuvrer pour la mise en place d’une d’une part, d’un réseau de synergie des actions menées par les différents acteurs de protection des droits de l’enfance, et d’une cartographie des institutions qui existent en vue de la prévention desdits droits d’autre part ;
- Mettre en place un Code de Protection de l’Enfant.
Appelons le MINJUSTICE à :
- Harmoniser et à veiller à l’application et à la vulgarisation des instruments juridiques nationaux et internationaux à travers la sensibilisation des justiciables ;
- Elaborer des lois et et des politiques favorables aux femmes et filles ;
- Veiller à ce que toutes les femmes aient accès à la justice et ceci sans contrepartie ;
- Faciliter la mise en place des cliniques juridiques ;
- Organiser des ateliers de renforcement des capacités des magistrats en matière d’égalité des sexes ;
- Veiller à ce que les droits sexuels et reproductifs des femmes soient pris en compte dans les lois et politiques nationales et investir dans leur mise en œuvre ;
- Veiller à l’effectivité de l’assistance judiciaire à l’égard des femmes et filles indigentes (confère cas des tribunaux administratives) ;
- Faciliter la mise en place des plateformes de justice adaptée aux enfants dans toutes les Régions ;
- Mettre en place un décret d’application sur les peines alternatives.
Appelons le parlement à :
- Accélérer le processus d’adoption du code de la famille et du code de protection de l’enfant ;
- Représenter vivement les intérêts des femmes, des filles et enfants sans discrimination au parlement ;
- Contrôler et faire le suivi de la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux relatifs à la protection des femmes et à la non-discrimination ;
- Évaluer les actions et impacts des politiques publiques du gouvernement en faveur des femmes ;
Incitons les Collectivités Territoriales Décentralisées à :
- Adopter la gouvernance participative et mettre en place les mécanismes de participation de la femme et de la fille dans toutes leurs diversités ;
- Mettre en place des mécanismes de protection des femmes, des filles et des enfants sans discrimination en situation d’urgence ;
- Susciter le renforcement des capacités des élus locaux et agents communaux sur les droits des femmes et des filles ;
- Sensibiliser sur l’intégration des questions de non discrimination et d’égalité dans les plans communaux de développement ;
- Intégrer la budgétisation sensible au genre comme condition sine quinone pour l’exécution des plans communaux de développement ;
- Susciter la mise sur pied des comités locaux et communautaires de protection de l’enfant ;
- Mettre en place un Centre d’accueil pour les victimes.
Interpellons les Forces de maintien de l’ordre à :
- Davantage protéger les femmes notamment les filles victimes d’abus et violences diverses ;
- Mieux s’imprégner des mécanismes internationaux de protection et de sécurité des femmes.
- Améliorer la gestion des données des cas de violences pris en charge au niveau des FMO ;
- Multiplier des Cellules plus adaptées pour les filles et les femmes.
Encourageons les autorités judiciaires (procureurs, magistrats,) à :
- Veiller sur la protection des droits de la femme, de la fille et des enfants vivant avec un handicap tout au long de leur implication dans le système judiciaire ;
- Éliminer les obstacles procéduraux à l’accès au système qui compliquent la tâche des femmes lorsqu’elles souhaitent collaborer avec le système judiciaire ou en bénéficier ;
- Fournir des conseils distincts lorsque les femmes et les filles sont touchées par des procédures impliquant leurs conjoints ou tuteurs ;
- Effectuer des contrôles réguliers de lutte contre les discriminations faites aux femmes afin de garantir le respect des standards, et engager des réformes dans la mesure du possible en tenant compte de tous les nouveaux développements identifiés lors des contrôles ;
- Appliquer systématiquement la loi portant assistance judiciaire aux femmes ;
- S’imprégner d’avantage des outils internationaux, régionaux et nationaux visant la femme et la jeune fille ;
- Renforcer les capacités des acteurs de la chaîne de justice sur les connaissances relatives aux droits de la femme en situation de discrimination.
- Améliorer le système de gestion des données des cas de violences pris en charge.
Encourageons les OSC à :
- Continuer de suivre les engagements politiques des gouvernements en la matière ;
- Plaider pour une réforme des lois et des politiques et pour des investissements plus importants dans la lutte contre toutes formes de discrimination à l’égard des femmes ;
- Susciter la mobilisation du secteur privé, des Collectivités Territoriales Décentralisées dans le cadre de la lutte contre la discrimination et la marginalisation fondées sur le sexe
- Renforcer les relations de partenariat entre les OSC dans le cadre de la protection et la sauvegarde des droits des femmes notamment ceux des filles ;
- Renforcer leurs actions de sensibilisation des populations sur la protection de la femme et de la fille ;
- Mettre sur pied une synergie d’actions en créant un réseau de prévention et de protection des filles et des enfants sans discrimination.
Inspirons les avocats et juristes de tout bord à :
- Mettre en place les cliniques juridiques au niveau national ;
- Vulgariser les droits des femmes et des filles ;
- Poursuivre tous les auteurs de violences à l’égard des femmes et des filles.
Appelons les activistes de protection des droits des femmes à :
- Dénoncer systématiquement toutes formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles ;
- Se rapprocher des OSC pour une meilleure synergie et efficacité d’action en faveur de l’égalité homme-femme.
- Travailler en coordination avec les services cités plus haut pour une prise en charge plus efficiente.
Appelons les autorités traditionnelles et religieuses à :
- Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de la communauté ;
- Protéger davantage les femmes et les filles victimes de violences et d’abus précisément les pratiques néfastes (telles que le mariage d’enfant, les MGF, l’exploitation des enfants ;
- Collaborer davantage avec les autorités administratives, judiciaires, les forces de maintien de l’ordre pour le suivi de l’implémentation des droits des femmes et des filles ;
- Organiser des formations pour les notables sur les Droits des enfants et des femmes et sur la promotion du genre.
L’obligation d’agir immédiatement pèse sur nous tous car l’avenir de notre pays dépend de la garantie d’une meilleure protection de nos enfants aujourd’hui.
Aussi, nous engageons-nous, autorités ministérielles, judiciaires, traditionnelles, religieuses, Organisations de la Société Civile, Collectivités Territoriales Décentralisées, avocats, activistes juristes de la protection de l’enfant, Forces de Maintien de l’Ordre à œuvrer pour la réalisation de ces différentes actions”.
ADOPTÉ LE 11 Mars 2022
Yaoundé, Cameroun