Dans un entretien qu’il a accordé aux journalistes Benjamin Roger et MARWANE BEN YAHMED de Jeune Afrique le 16 Novembre dernier dans son bureau du palais de l’Elysée, le Président Emmanuel MACRON, dans une posture tutélaire se fend en fracassantes confidences. Un cocktail de bourdes au menu. Interrogé sur l’issue du conflit qui sévit en zone Anglophone et le traitement réservé à l’opposant Maurice KAMTO, le Président MACRON, jouant au seigneur de la nouvelle Françafrique déclare pince sans rires que « pendant très longtemps, le Président BIYA n’est pas venu en visite officielle en France. Nous avions eu des contacts par voie téléphonique, mais je lui avais demandé des gestes de confiance avant sa venue à Lyon, en octobre 2019. Il les avait faits, il y’a un an, avec un certain nombre de libération. La situation s’est de nouveau tendue et j’invite le Président BIYA à effectuer des gestes d’ouverture. Lui aussi doit préparer le renouvellement et pacifier son pays, d’autant plus qu’il a un autre défi beaucoup plus grand : celui de l’avancée de Boko Haram… »
Poursuivant son propos plus loin dans une provocation déconcertante, il déclare que la France n’a pas vocation à protéger des activistes qui cherchent à déstabiliser un pays, il vante les modèles gouvernants Ethiopien avec ABIY AHMED, Rwandais avec KAGAME et Ivoirien avec ALASSANE OUATARA dont il salue au passage la réélection. Parce que dit-il, ce dernier (ALASSANE OUATARA) le « nouveau messie de la Côte-d’Ivoire » aurait agi pour sa réélection, par devoir vis-à-vis de son peuple. Foutaises.
Dans un ton paternaliste, il instruit l’Union Africaine de trouver des solutions pour un renouvellement rapide de la classe dirigeante Africaine et de militer en faveur des alternances démocratiques. Petits détails historiques : Chirac perdit l’élection présidentielle devant Mitterrand qu’il trouvait très vieux. Et plus tard, Jospin fut battu par Chirac qu’il jugeait vieux et épuisé. Des leçons de vie. Passons.
A la lecture de cet échange publié par le panafricain Jeune Afrique, je me suis senti à la fois outré et humilié. De quel droit ? De quelle légitimité ? De quelle compétence le Président Emmanuel MACRON se permet-il de parler du Président Paul BIYA avec condescendance et désinvolture? L’homme que le peuple souverain Camerounais a plébiscité le 07 octobre 2018 avec 72% de suffrages exprimés en sa faveur pour un mandat de 7 ans ne mérite pas pareille outrance venant de quelqu’un qui prend plaisir à héberger tous les casseurs des Ambassades Africaines et qui paradoxalement a maté avec délectation les mouvements des gilets jaunes en France. De mémoire, le Président Paul BIYA n’a jamais eu recours aux assassinats pour accéder au pouvoir tel que l’on l’a vécu en Côte-d’Ivoire encore moins à la persécution des opposants pour s’y maintenir. Il est constant que tous les opposants Camerounais y compris les plus virulents vivent au Cameroun et participent joyeusement aux débats publics et aux élections. C’est bien sous l’ère BIYA qu’on a noté le retour en masse de tous les exilés politiques. Contrairement aux châtiments les plus cruels qui sont réservés aux séparatistes en Ethiopie, ou aux opposants au Rwanda, l’on découvre parfois avec grand étonnement que les criminels arrêtés en zone anglophone reçoivent un traitement digne et sont présentés devant des tribunaux compétents pour répondre de leurs forfaits. Il serait donc politiquement et intellectuellement malhonnête et inacceptable de la part du Président Français, de prendre l’Ethiopie, le Rwanda et la Côte-d’Ivoire en modèle de démocratie et de respect des droits de l’homme en Afrique.
Par contre, nous avons encore à l’esprit les horribles événements de la politique expansionniste meurtrière de la France dans certains pays Africains ; notamment en Lybie, au Mali, en Centrafrique, etc…
Le Président Paul BIYA, en sage Africain, respectueux des conventions internationales et de la souveraineté des peuples ne s’immisce jamais dans les affaires internes des pays frères et amis. Dans la même veine, les représentations diplomatiques et consulaires installées sur notre territoire ont toujours bénéficié de la totale protection de nos forces de sécurité et de défense et d’une oreille diplomatique attentive de Yaoundé.
En tant que député de la nation, je dénonce et condamne cette énième ingérence du Président Emmanuel MACRON dans les affaires de notre pays. Le Cameroun est un Etat libre et indépendant depuis 1960. Notre souveraineté est non négociable. L’époque des élites vassales et autres satrapes qui prenaient leurs instructions au Quai D’Orsay ou à l’Elysée est révolue. Les dirigeants Africains et leurs peuples méritent respect et considération.
J’ai dit.
Hon. MANDIO Peter William
Député RDPC du Mbam et Inoubou