Le parti au pouvoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais(RDPC) est en ruine dans la section Mbam et Inoubou I-Est. Il n’est pas seulement agonisant, usé, vieilli et fatigué, ses portes flambeaux que sont Camille Moute à Bidias et Ally Ibrahim ne sont plus convaincants. La longévité de chacun à la tête des instances du parti a fini par ruinée leur dynamisme et leur pouvoir financier.
Jeudi,24 mars,le RDPC a peiné à mobiliser 1000 militants à la maison du parti. Pourtant, le président de la section Ally Ibrahim, se dit « comblé pour avoir réussi à redynamiser le RDPC à Kiiki ». Ally Ibrahim revendique aujourd’hui 11 000 militants repartis sur les 36 sous-sections. Malgré sa récente tournée d’installations des nouvelles unités du parti, le RDPC ne draine plus les foules à Kiiki, lors de ses meetings.Elle est lointaine, la belle époque où Ally Ibrahim faisait transporter des militants dans des bus et camions et les gavait de nourriture et de boissons alcoolisées après les meetings. Le dynamique et prospère homme d’affaires d’antan, affiche aujourd’hui même, un air de déception vis-à-vis du parti qui semble l’avoir ruiné financièrement. Le président de section RDPC Mbam et Inoubou I-Est tente de contenter des militants affamés et réduis en harangueurs de foules et chanteurs de louanges de circonstance, à qui, il distribue à tour de bras, quelques vieux billets de 500 et 1000 Fcfa.
Le poisson pourrit par la tête
A Kiiki, le militantisme est en crise au sein du RDPC. La preuve : Le désintéressement affiché de la personnalité ressource d’accompagnement du parti.L’éternel Directeur général du Fonds National de l’Emploi(FNE), Camille Moute à Bidias, s’est fait négativement remarquer jeudi,24 mars 2022 à l’occasion du regroupement organisé à la maison du parti. Moute à Bidias a tenu à arriver vers la fin des discours, sachant pertinemment qu’en posture de représentant du comité central du parti,son arrivée tardive troublera le cours du meeting. Le membre titulaire du RDPC ne s’est pas arrêté à ce niveau,Camille Moute à Bidias a dévié la marche de soutien au parti pour ne prendre place qu’à la photo de famille de fin de meeting.
Dans la section RDPC Mbam et Inoubou I-Est,les femmes et les jeunes souhaitaient faire la démonstration de la vitalité démocratique qui prévaut en son sein. Raté. La machine à gagner du régime camerounais n’a réussi qu’à révéler au grand jour sa peu reluisante cuisine interne. Repliée sur elle-même dans un contexte polarisé et manichéen, elle est son principal adversaire. A Kiiki,ses militants se perçoivent trop souvent à travers le prisme étroit de leurs origines ethniques. Le 37 ème anniversaire du RDPC dans la section Mbam et Inoubou I-Est a également révélé une ligne de fracture entre la bourgeoisie politico-administrative et marchande et de jeunes ambitieux souvent en sous-emploi, prêts à faire le coup de poing pour s’imposer face aux instances dirigeantes de Yaoundé.
Les tensions actuelles préfigurent des querelles intestines qui secoueront la formation à l’heure de la succession de Paul Biya.
Si officiellement, un nouveau septennat en 2025 ne fait pas l’objet d’un débat au sein de la section du RDPC à Kiiki, en coulisse, les choses s’animent et les camps se forment. D’un côté, ceux qui estiment que le capitaine doit passer la main. De l’autre, ceux qui militent pour le statu quo. Les opérations de « renouvellement des organes de base » du RDPC organisées en septembre et octobre 2021 ont laissé apparaître une grosse fracture entre l’« élite » du parti et sa base militante. Ces opérations se sont déroulées dans une ambiance délétère, faite d’accusations de fraude, d’actes de violences et de menaces.
A Kiiki,le RDPC est devenu le lieu d’un conflit ouvert de générations, entre une vielle élite politique repue de victuailles et de rentes et une jeunesse affamée d’expectatives et d’opportunités. On assiste aussi à des luttes de classes, entre une oligarchie politico-administrative généralement parachutée dans les fonctions de coordination et de direction, et une base militante ostracisée, assoiffée de changement et désireuse de promotion politique. Pour sa part, Camille Moute à Bidias appelle au « respect de la hiérarchie au sein du parti, au respect des ainés et à la patience ».
A Kiiki, « Personne dans nos rangs n’oublie l’âge du capitaine », commente un cadre du parti. « À 88 ans, tout peut arriver à tout moment. Et pour éventuellement hériter du parti, il faut commencer par contrôler la base. »
Dans la section RDPC Mbam et Inoubou I-Est, il n’y a plus un véritable militantisme de cœur, c’est-à-dire sur une base idéologique, mais plutôt un militantisme de rente.
En rappel,c’est à Bamenda, chef-lieu de la région du nord-ouest en zone anglophone, que le RDPC a vu le jour le 24 mars 1984. 37 ans après sa création, le parti reste leader sur l’échiquier politique. Le RDPC n’a jamais perdu officiellement un scrutin et met à son actif la paix au Cameroun./.